LA PRODUCTIVITÉ DES ÉLITES - article (magazine inconnu - ca. 1952)

LA PRODUCTIVITÉ DES ÉLITES

Le monde moderne vit à une cadence telle que le temps devient le plus précieux des biens. Chacun de nous : industriel, commerçant, ingénieur, architecte, sans que cette énumération soit limitative - car le rythme dont nous parlons atteint toutes les professions - constate qu'un afflux toujours plus grand d'occupations et d'obligations commande de maîtriser les pertes de temps et d'employer avec le maximum d'efficacité les instants de « l'acte de travail ». Il y aurait beaucoup à dire sur cette « évolution des cadences », et nous ne pouvons que constater la disparition définitive, ou presque, de l'âge heureux où ce travail était toujours fécond parce que préparé puis accompli dans le silence et le calme. Parler du « redressement français » sujet d'actualité c'est évoquer souvent le problème de la productivité ouvrière. Cet aspect de la question ne permet pas d'oublier que les responsables, à des titres divers, de l'action - que ce soit sur le plan industriel, commercial et aussi celui des professions libérales, ont tous, et d'autant plus qu'ils dirigent celle-ci, leur productivité personnelle à assurer : la lutte contre le gaspillage de temps se pose dans toutes les professions et à tous les échelons de la hiérarchie du travail.

Le mot d'ordre aujourd'hui est bien, en effet, « productivité ». Il signifie en bref - et en dehors de toute définition officielle - que pour une dépense égale d'énergie intellectuelle ou physique, le rendement individuel doit être, par une meilleure utilisation, tant des techniques qui conviennent que du matériel d'organisation et des conditions du travail, singulièrement accru: c'est une meilleure économie, au sens le plus élevé du mot: de la pensée, de la méthode, des outils, du travail; des gestes, des déplacements, simultanément à une éducation des individus sur le plan professionnel. Éducation dont l'objet est moins la recherche du gain de temps dans l'accomplissement de la tâche que la diminution ou la disparition totale des temps improductifs ou employés à des tâches dont l'exécution pourrait être opérée mécaniquement.
Sur un plan particulier, celui des chiffres, quelle évolution depuis Pascal dans le domaine de la machine à calculer! Évolution parallèle, sans doute, à celle des méthodes scientifiques du travail, qui conduit même les hommes de professions libérales à accomplir certaines tâches matérielles, délicates, extrêmement importantes pour leur propre productivité et celle de leur entreprise. C'est pourquoi nous ne pouvons qu'applaudir à cette nouveauté merveilleuse qu'est la machine universelle de poche « Curta », véritable mécanique de précision, construite comme un chronomètre, bijou scientifique dans son écrin métallique.
Dans sa fabrication ne sont intervenus que des aciers de première qualité soigneusement sélectionnés. Cette petite machine à calculer, qui tient dans le creux de la main, ne pèse que 226 grammes et mesure 8 centimètres de hauteur pour un diamètre de 5 centimètres:
Cette machine, qui à certains égards - par sa présentation, sa finition, sa précision, son esthétique - peut se comparer aux appareils photographiques de petit format, effectue les quatre opérations arithmétiques. C'est donc un outil de travail extrêmement pratique dont les utilisations sont innombrables dans quantités de professions et de situations.
En avion, en chemin de fer, en automobile, sur leur bureau, cette machine à calculer apporte à tous ceux qui font profession d'être chef ou des exécutants supérieurs l'incontestable appoint d'une technique moderne la plus perfectionnée associée à des qualités de fabrication telles que sa garantie d'usage est quasi indéfinie. En comparaison de son volume, de son poids, les possibilités de cette machine à calculer sont étonnantes. Pour un prix d'achat modéré et une capacité considérable, étant donné sa taille (8 x 6 x 11 chiffres), dans un silence total, avec une manipulation commode et sans fatigue, la nouvelle petite machine universelle « Curta » est dès aujourd'hui l'auxiliaire de l'homme moderne.

Ainsi, sans doute, cette magnifique pensée d'Anaxagore : « L'intelligence remonte de la main au cerveau », prend toute sa valeur. Nous voulons dire que pour l'homme d'affaires ou le technicien, la connaissance exacte au moment désiré et quel que soit l'endroit, des « chiffres-clés », des chiffres essentiels à la conduite de son travail, lui permettra de se libérer du plan primaire des simples questions matérielles pour penser en ne laissant au hasard uniquement que ce qui est son lot. Et c'est ainsi que nous rejoignons ce que nous écrivions tout à l'heure : l'accélération des cadences de travail doit être compensée pour les chefs par l'apport d'outils scientifiques, seuls capables de permettre à la pensée de s'élever après avoir été éclairée rapidement sur les données matérielles.
La machine à calculer universelle « Curta » (1) vient à son heure : au moment où le prix de revient du personnel oblige très souvent les responsables à sacrifier eux-mêmes aux tâches de base, à un moment aussi où le chef est appelé à travailler ailleurs que dans un bureau douillet. Nous souhaitons vivement que l'utilisation de cette machine ajoute un nouvel élément à la productivité française : la machine à calculer universelle « Curta » apporte, par sa création, sa pierre pour alléger l'effort de rendement des chefs et des techniciens.

Raymond GOVIN.
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(1) Établissements Innova, 124, rue Réaumur, Paris (2e).
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